YOGA & CORPS – SOUFFLE – MENTAL

 

Le souffle est au coeur de la pratique du yoga.

Il fait le « lien » entre tout, entre le corps et le mental, lien avec le monde extérieur, mais aussi avec notre univers intérieur par l’intermédiaire des organes sensoriels (et dont le mental est le chef d’orchestre et celui grâce auquel on prend conscience des autres sens).

Le souffle est le lien entre tout ce qui est périssable (le corps et le mental, la conscience ordinaire, les sens) et la conscience profonde, le drastu, purusa, cit… celui qui contemple le spectacle de la vie sans en être affecté, d’après la philosophie indienne et les textes fondateurs du yoga, dont le yoga sûtra de Patanjali, texte de référence en yoga.
Mais comme cette conscience profonde ne peut contempler le monde qu’à travers l’organe mental, et que celui-ci est toujours encombré et agité, la conscience profonde a toujours une vision déformée de la réalité.
Se crée un processus d’identification de la conscience profonde à la conscience ordinaire, au corps, au souffle anarchique (svâsa prasvâsa), processus qui est le point de départ de nombreux désordres psychologiques et donc de la souffrance humaine.

C’est pour cela qu’on peut dire que tout le travail en yoga, est avant tout un travail sur le mental, pour le nettoyer sans cesse, inlassablement, et donc l’apaiser, le stabiliser, car sa nature est toujours instable (yogah-citta-vrtti-nirodhah). En créant le vide en nous, le processus d’identification s’allège.

La pratique du yoga va passer d’abord par le corps, les postures, âsana, mais toujours accompagnée par le souffle, une respiration consciente et la plus ajustée possible. C’est un long et passionnant apprentissage où le chemin à parcourir est plus important que le résultat espéré, les fruits (phala).

Le travail postural lui-même va avoir, en dehors de ses effets sur le corps, un effet direct sur le souffle, il va aider à libérer la respiration profonde. C’est pourquoi, les âsana préparent les techniques respiratoires de fin de pratique, que l’on nomme « prânâyâma » (contrôle, maîtrise du souffle pour mieux l’étirer ensuite).

Le prânâyâma est l’antichambre qui va nous faire basculer plus ou moins profondément dans l’expérience méditative (dhyâna). Dans l’expérience méditative, on cesse peu à peu de contrôler le souffle, on laisse libre la respiration, un souffle qui devient de plus en plus fin et subtil.

Viennent ensuite des états de plus en plus profonds (différents degrés de samâdhi décrits dans le chapitre I du yoga sûtra de Patanjali, et dont certains ne se commandent plus. On tombe dedans.

 

Comment approcher l’équilibre « sthira-sukha »

(ferme et doux à la fois) dans la posture de yoga et selon la proposition « d’infinitude » (ananta) du yoga sûtra ?
C’est l’ajustement du souffle qui va permettre cela, en commençant d’abord par être dans la respiration consciente, et observer comment le souffle influence la posture, mais aussi comment la posture modifie ce dernier. Il s’agit d’accompagner la respiration avec conscience, confiance, et respect. Cette intention respectueuse (bhâvana) va créer quelque chose de plus équilibré dans la pratique posturale et nous rendre plus réceptifs, plus à l’écoute de nos sensations, de notre corps.

 

La respiration (prânâyâma)

est également l’OUTIL MAJEUR DE NETTOYAGE de toutes nos scories psychiques.

Par une pratique régulière du prânâyâma, le mental devient plus clair, plus calme, discernant, et notre relation au monde meilleure.

« Smrti parisuddha »

LAVER régulièrement LA MEMOIRE, comme on fait la lessive, pour désencombrer le mental et les émotions que nous portons et qui sont associées à cette mémoire, aussi bien que les évènements, vont être atténués.

Alors, la projection que nous faisons sur telle ou telle partie de notre vie sera réduite ou stoppée.
Processus important dans la relation à l’autre, et nous sommes sans cesse en relation avec l’autre, le monde !

Prânâyâma aura pour effet de réduire le voile qui nous recouvre. Va amener en nous quelque chose de l’ordre de la légèreté ; le yoga sûtra parle d’une énergie lumineuse qu’on peut sentir en soi, associée à un sentiment de légèreté, de bien-être.

Au-delà de toute technique respiratoire, il existe une 4E MODALITE DU SOUFFLE qui ne se commande plus ; on passe de la respiration au « souffle » ; il s’agit de quelque chose de mystérieux, subtil, qui ne se commente pas. C’est là qu’on peut entrer dans des états de plus en plus profonds de méditation.

La technique respiratoire est donc là pour être ensuite dépassée et entrer dans cette autre modalité du souffle libre.
Sans oublier que par le souffle, pénètre et circule en nous, cette ENERGIE DE VIE, appelée  » PRÂNA ».

 

 

 

Article de Patricia Bronny-Perez, enseignante de yoga formée au hatha-yoga & yoga de l’énergie (Boris Tatzky), aujourd’hui élève de Martyn Neal et affiliée à l’IFY en lien direct avec l’enseignement de TKV.Desikachar (anciennement viniyoga), formée au yoga-nidra (nath-yoga) et au chant védique.